Préambule et introduction

Le bilan de l’année 2023 avait permis de nuancer l’effervescence autour du retour des publics et de prendre la mesure de la complexité de dresser un bilan général de la saison des festivals.

En 2024, la situation des festivals reste très contrastée.

Un tiers des festivals déclare avoir fait face à des imprévus. Ainsi, 12% des festivals ont dû modifier leurs dates et 16% ont fait face à des changements impliquant le lieu. Quelques festivals ont même dû annuler partiellement ou totalement leur édition, que ce soit à cause d’aléas climatiques ou du fait d’un risque économique trop important.

Par ailleurs, les charges continuent d’exploser en raison de l’inflation, et ce pour tous les postes.

Enfin, les Jeux Olympiques et Paralympiques ainsi qu’un contexte électoral tendu auront marqué cette année 2024, en rendant l’organisation et la tenue de ces événements encore plus complexes (accès aux lieux, aux matériels, espaces médiatiques restreints, concentration de la période des festivals sur une période plus courte…).

Alors que les habitudes culturelles continuent d’évoluer, que les phénomènes de concurrence s’accroissent, les festivals doivent réinventer un modèle économique en tension, une équation paradoxale qui place de nombreux acteurs face à une incertitude sur la pérennité de leur projet.

En 2023, 90% des festivals adhérents au SMA indiquaient qu’ils voyaient l’avenir assez complexe voire très difficile. En 2024, 14% d’entre eux ne sont pas certains de la tenue d’une prochaine édition.

 

Des habitudes culturelles en constante évolution, ayant un impact sur la billetterie

Du côté de la billetterie, 52% des festivals déclarent avoir remarqué une tendance des spectateur·rices à réserver plus tard qu’habituellement, rendant les prévisions plus difficiles.

Si aucune généralisation ne doit ni ne peut être faite sur les comportements des publics, force est de constater que le pouvoir d’achat est de plus en plus limité, obligeant chacun·e à sélectionner davantage un seul spectacle auquel il ou elle souhaite vraiment assister, alors même que l’on observe ces dernières années une démultiplication du nombre d’évènements culturels.

Se pose alors la question de la concurrence avec les salles de très grande jauge telles que les Zéniths, Arenas et stades. En effet, celles-ci semblent davantage plébiscitées par les publics, ce qui parait rejoindre la volonté de certain·es artistes.

Une inflation généralisée

Tous les postes de charges augmentent.

Près de 80% des organisateur·rices de festivals adhérents notent en effet une nouvelle hausse des dépenses techniques par rapport à l’édition précédente. Ensuite viennent les dépenses artistiques (pour 69% des répondant·es) et de sécurité (pour 68% des festivals), qui ne cessent de croître.

Les dépenses administratives augmentent également pour plus de la moitié des festivals, couplées pour certains avec des difficultés de recrutement, notamment sur les postes techniques et de sécurité.

Les coûts de plus en plus élevés des assurances annulation sont par ailleurs toujours pointés du doigt, avec de plus en plus d’incertitudes concernant le fait que les évènements puissent être encore assurés d’ici quelques années.

Enfin, les festivals adhérents remarquent des frais de déplacements (transport, hébergement, restauration…) en constante hausse.

Face à l’inflation, et notamment à l’augmentation des cachets des artistes, certain·es organisateur·rices voient comme unique levier pour s’en sortir financièrement l’augmentation du prix des billets, sans pour autant être convaincu·es de cette solution qui impacte l’accessibilité des évènements à toutes et tous.
Le tarif moyen d’un billet jour pour accéder à un festival adhérent du SMA est en 2024 de 31 euros, contre 29 euros en 2023 et 27 euros en 2018.

 

 

Des modèles économiques à repenser

Le modèle économique des festivals adhérents au SMA arrive pour la plupart à ses limites.

La moitié des festivals adhérents au SMA présente une édition 2024 déficitaire. Le montant moyen des déficits est de 75 000€.
Le déficit moyen est ainsi plus faible qu’en 2023, mais davantage de structures y sont sujettes.


Les inquiétudes autour de ce modèle sont d’autant plus présentes que les difficultés financières ne dépendent pas toujours de la fréquentation des évènements.
En effet, tel que nous pouvons l’observer dans l’étude menée par le ministère de la Culture et le CNM, près de la moitié des festivals remplissant à plus de 90% sont déficitaires en 2024.

Toutefois, rebattre les cartes et imaginer un tout autre modèle n’est pas aisé, notamment pour des festivals implantés depuis très longtemps sur un territoire avec une équipe salariée en place et un taux d’autofinancement élevé.

 

De nouveaux questionnements pour l’avenir

Du fait de l’inflation, de l’équilibre économique de plus en plus difficile à trouver, des difficultés qui s’accumulent, cela devient très complexe de planifier les prochaines années.

Certain·es organisateur·rices réfléchissent par exemple à changer leur fréquence pour ne proposer qu’une édition tous les deux ans, ou encore à revoir leur format.

En 2024, 14% des festivals ne sont ainsi pas certains de la tenue d’une prochaine édition.

 

 

Des difficultés qui s’accumulent


L’impact des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 en France

Un festival sur 4 déclare avoir dû gérer des imprévus en lien avec les Jeux Olympiques et Paralympiques : changement de dates, pénurie de matériel, indisponibilité de certains prestataires, etc.

 

Les aléas climatiques toujours présents

Cette année encore, certains festivals ont dû annuler tout ou partie de leur programmation à cause d’intempéries.
Lors de la saison 2024, 37% des festivals interrogés déclarent que les aléas naturels (fortes précipitations, orages, crues, températures extrêmes) ont causé des imprévus ou des difficultés.
Par ailleurs, la météo du printemps-été 2024 n’ayant pas toujours été au beau fixe, cela n’a pas permis de dynamiser les ventes de billets en amont.

Une saison marquée par un climat politique tendu

Les conséquences de la dissolution du Gouvernement et des élections législatives qui se sont déroulées fin juin-début juillet se sont également fait ressentir au niveau des publics : billetterie en berne, indisponibilité des locaux, affichage public complexifié ou encore propos racistes décomplexés.

 

Des règlementations contraignantes et coûteuses

Qu’il s’agisse de l’obligation de se conformer à la règlementation sonore et donc de réaliser des études d’impacts sur les nuisances sonores (EINS) très coûteuses, ou des contraintes induites par la récente règlementation sur les ensembles démontables, les organisateur·rices doivent régulièrement s’adapter, sans pour autant en avoir les moyens.

 

L’accumulation de toutes ces règles et contraintes impacte bien sûr le moral et la motivation des équipes.

 

Des festivals engagés

Les festivals membres du SMA s’engagent sur les grandes problématiques sociétales. A titre d’illustration :

  • 59% des festivals adhérents ont déjà réalisé un diagnostic de développement durable et 37% sont en passe de le faire ;
  • 86% des organisateur·rices incluent dans leur projet la mise en œuvre d’actions concrètes en faveur de la transition écologique ;
  • La totalité des festivals a engagé des réflexions sur la mise en place d’un plan de lutte contre les violences sexistes et sexuelles et le harcèlement.

L’engagement des structures adhérentes du SMA est également visible dans le cadre de projets fédérateurs et collectifs tels que :

 

 

Les chiffres communiqués ici sont issus d’une courte enquête à l’attention des festivals adhérents du SMA et de l’étude exhaustive sur les festivals 2024 menée par le ministère de la Culture (DEPS) et le Centre national de la musique, en partenariat avec le SMA, Ekhoscènes et France Festivals.

Ce bilan SMA est donc à lire en complément de l’étude complète sur l’ensemble des festivals, qui dresse un panorama général de la situation de ces évènements en 2024 et qui corrobore certains des constats abordés par le SMA.

Retrouvez ici le bilan des festivals 2024 du CNM et du ministère de la Culture